J.R.R. Tolkien – La Formation de la Terre du Milieu

Avec La Formation de la Terre du Milieu, s'ouvre une nouvelle étape dans l'élaboration du légendaire. Dans ce volume, Tolkien poursuit la lente et majestueuse édification de son monde, affinant ses chronologies, redéfinissant ses récits, et posant les premières fondations géographiques et historiques d'Arda telle qu'elle apparaît plus tard dans Le Silmarillion.

Le livre s'ouvre sur les dernières versions en prose du Quenta, ce récit condensé des Jours Anciens, où les événements du monde prennet une forme plus claire, plus structurée. Les récits de la guerre des Valar, de la destruction des Lampes, de la venue des Elfes, de la révolte de Fëanor et de la fuite des Noldor sont repris, mais déjà certains noms et figures se modifient. Le style s'épure, abandonnant les archaïsmes des Contes Perdus pour tendre vers une langue plus haute, presque biblique.

Puis viennent les Annales du Valinor et les Annales du Beleriand, où Tolkien, tel un scribe des anciens jours, fixe dans un ordre chronologique les grands événements de son monde. On y trouve les dates de la création des Arbres, de la venue des Hommes, des batailles contre Morgoth, de la chute de Gondolin et de la naissance d'Eärendil. Ces textes révèlent le souci croissant de Tolkien pour l'histoire comme trame vivante du mythe.

Mais ce volume présente aussi un document exceptionnel : le premier essai de cartographie du Beleriand, accompagné de commentaires géographiques. Montagnes, fleuves, royaumes elfiques, forêts et chemins y figurent, consignés avec précision et soin.

Enfin, le lecteur découvre les Ambarkanta, les premiers traités cosmogoniques de Tolkien, dans lesquels il traçe la forme du monde, les limites d'Arda, les Voiles de Valinor, et les sphères célestes qui entourent le monde visible. À travers schémas et cartes, il tente de dévoiler la trame profonde de la création telle que chantée par les Ainur, tissant une cosmogonie cohérente au sein de son mythe.

La Formation de la Terre du Milieu est donc un ouvrage de transition ; non plus un recueil de contes, mais une œuvre d'architecte. Tolkien y précise les contours de son monde, fixe son histoire, esquisse ses cartes, et pose les premières pierres du monument que sera un jour Le Silmarillion.