J.R.R. Tolkien – Un Vice Secret

Dans cet essai inspiré d'une conférence donnée en 1931, Tolkien explore ce qu'il appelle son « vice secret » : l'invention de langues imaginaires. Il y développe une réflexion personnelle et érudite sur la glossopœie, c'est-à-dire la création de langues artificielles à des fins esthétiques et artistiques.

Tolkien commence par défendre cette pratique jugée marginale, en évoquant la joie singulière que peut procurer un mot inventé, une sonorité harmonieuse, ou une grammaire façonnée de toutes pièces. Il distingue la création purement ludique de la véritable langue inventée ayant une cohérence phonologique, syntaxique et culturelle ; comme celles qu'il créera pour ses peuples de la Terre du Milieu (le quenya, le sindarin, etc.).

Tolkien affirme ensuite que les langues sont indissociables du mythe : une langue inventée sans monde pour l'habiter reste sans âme, et inversement, un monde imaginaire gagne en profondeur lorsqu'il s'appuie sur des langues crédibles. Cette idée deviendra l'un des piliers de sa méthode de création : la langue précède l'histoire.

Enfin, Tolkien aborde la musicalité du langage, le plaisir phonesthétique, et la manière dont certaines combinaisons de sons peuvent éveiller en nous des images poétiques, des émotions profondes, bien au-delà du sens rationnel des mots. Pour lui, ce vice secret est en vérité une forme d'art légitime, qu'il revendique avec passion.