Amon Hen

26 février 3019

grimoire

À peut-être un mille de Parth Galen, dans une petite clairière non loin du lac, il trouva Boromir. Ce dernier était assis, le dos appuyé contre un grand arbre, comme en train de se reposer. Mais Aragorn vit qu’il était atteint de nombreuses flèches aux pennes noires ; son épée, encore à sa main, était brisée près de la poignée ; son cor fendu en deux reposait à son côté. De nombreux Orques gisaient morts, entassés tout autour de lui et à ses pieds.

Aragorn s’agenouilla auprès de lui. Boromir ouvrit les yeux et fit un effort pour parler. Les mots vinrent enfin, lentement. « J’ai essayé de prendre l’Anneau à Frodo, dit-il. Je suis désolé. J’ai payé. » Son regard s’égara sur ses ennemis tombés : au moins une vingtaine étaient étendus là.

« Ils sont partis – les Demi-Hommes : les Orques les ont pris. Je crois qu’ils ne sont pas morts. Ligotés par les Orques. » Il s’arrêta, et ses yeux se refermèrent avec lassitude. Au bout d’un moment, il parla de nouveau.

« Adieu, Aragorn ! Allez à Minas Tirith et sauvez mon peuple ! J’ai échoué. »

« Non ! dit Aragorn, prenant sa main et embrassant son front. Vous avez vaincu. Peu ont connu pareille victoire. Soyez en paix ! Minas Tirith ne tombera pas ! »

Boromir sourit.

« De quel côté sont-ils partis ? Frodo était-il avec eux ? » demanda Aragorn. Mais Boromir ne dit plus rien.

« Hélas ! dit Aragorn. Ainsi finit l’héritier de Denethor, Seigneur de la Tour de Garde ! Quelle fin cruelle… Voilà toute la Compagnie en ruine. C’est moi qui ai échoué. Vaine fut la confiance que Gandalf avait placée en moi. Que vais-je faire, à présent ? Boromir m’a prié d’aller à Minas Tirith, et mon cœur le désire ; mais où sont l’Anneau et le Porteur ? Comment pourrai-je les trouver, et sauver la Quête du désastre ? »

J.R.R. Tolkien